Julie Saint-Jacques : « La langue française est un chef-d'œuvre ! »
Responsable des formations linguistiques au siège parisien de Deloitte, Julie Saint-Jacques revient sur sa passion pour le français. Une passion qui a guidé ses choix de vie, depuis son enfance à Cleveland (États-Unis) jusqu’à Paris, et qu’elle continue d’entretenir dans sa vie professionnelle. Portrait d’une militante de l’apprentissage en immersion.
« Quand j’étais étudiante, je pensais que j’allais changer le monde ! » Comme pour mieux appuyer cette confidence, la voix de Julie Saint-Jacques s’est faite murmure. Avant de laisser échapper un éclat de rire franc et communicatif.
Pas de doute : elle a beau occuper un poste à responsabilités au sein de l’un des leaders mondiaux du conseil et de l’audit, Julie Saint-Jacques cultive l’art de ne jamais être là où on l’attend.
Un état d’esprit qui s’est révélé en famille, dans son Ohio natal. « J’ai sept frères et sœurs, et je suis la petite dernière. Par tradition, chez moi, les garçons apprenaient le français et les filles, l’espagnol. Mais j’ai choisi de ne pas faire comme tout le monde et de suivre l’expérience de mes frères en choisissant le français ! »
Une Américaine à Paris
C’est la naissance d’une passion qui ne la quittera plus. Elle plonge sans filet dans l’apprentissage de cette langue et de ses pièges. « J’adorais ça, surmonter les difficultés, découvrir la culture française. À tel point que j’ai voulu poursuivre mes études en intégrant un programme d’échange universitaire qui m’a emmenée à Paris » .
La francophile convaincue, inscrite dans un cursus de Sciences politiques, découvre la capitale française au gré des cours donnés ici et là.
« D’ailleurs, c’est drôle, mais certaines classes étaient données boulevard Raspail, dans les locaux de l’Alliance française. Alors que ce n’étaient pas des cours de l’Alliance ». D’ailleurs, c’est drôle, mais l’un de ces cours est consacré à l’histoire de l’art, et le professeur qui le dispense deviendra le mari de Julie…
Voilà qui explique pourquoi l’Américaine est depuis lors devenue parisienne à plein temps. Mais cela n’explique toujours pas qu’elle soit devenue responsable de formations linguistiques. « À l'époque, je suis partie en Afrique pour un projet humanitaire. Une fois sur place, j’ai commencé à donner des cours d’anglais. Et c’est comme ça que j’ai commencé ».
La langue, vecteur d’intégration culturelle
Depuis 19 ans, elle coordonne les formations linguistiques chez Deloitte. « Le groupe étant à vocation internationale, les échanges professionnels s’y font en anglais. Au début, il s’agissait donc de donner des cours en anglais aux salariés, principalement Français, afin de maintenir leurs compétences linguistiques ».
Apprendre l’anglais aux Français : on serait tenté de dire que, parfois, cela ressemblerait presque à une mission humanitaire !
« Mais au fur et à mesure que nous avons intégré des salariés des quatre coins du monde, ils ont été confrontés à la réalité de la vie parisienne : pour certains, c’était une surprise, les Français parlent vraiment français ! », s’amuse Julie Saint-Jacques.
Afin de faciliter leur vie quotidienne, beaucoup font le choix de suivre des cours particuliers. « Seulement, le français est une langue tellement structurée, dans laquelle la grammaire est tellement importante ! On ne peut pas faire une phrase si on ne sait pas conjuguer les verbes, ce n’est pas comme en anglais. Le français est un chef-d'œuvre, vous avez les petits pinceaux, les grands pinceaux, vous ajoutez une lettre ici, vous en retirez une autre là… Cela ne s’apprend pas en 20h ! ».
Aussi, pour faciliter l’intégration culturelle des salariés de Deloitte à Paris, Julie Saint-Jacques cherche un organisme proposant des cours collectifs en adéquation avec les critères de son entreprise. Ce sera l’Alliance française de Paris.
Un subtil équilibre entre rigueur et souplesse
« À l’Alliance, il y a des professeurs qui comprennent la langue, qui prennent le temps de l’expliquer, de recommander des lectures. C’est une formule intensive, qui implique les étudiants dans le temps et les pousse à sortir de leur environnement de travail. Surtout, le nombre d’étudiants à l’Alliance est suffisant pour dérouler un planning tout au long de l’année qui nous permet d’y inscrire nos salariés un peu à la dernière minute, en fonction des demandes. »
Car la responsable des formations linguistiques ne le cache pas : entre les responsabilités des audits et les activités de conseil, ce que Julie Saint-Jacques attend d’un partenariat, c’est avant tout une souplesse de niveau… olympique.
« Et pour ça aussi, l’équipe de l’Alliance française est formidable. Ils s’adaptent à nos besoins et nos exigences, les processus d’inscription ont été grandement facilités depuis une dizaine d’années que nous faisons appel à eux. C’est très simple, quand j’envoie des gens à l’Alliance française, je sais que ça va bien se passer, et c’est une véritable tranquillité d’esprit ».
Un sens de l’adaptation qui a été largement mis à contribution depuis mars 2020 et la mise en place de classes suspendues aux évolutions sanitaires. Cours à distance, horaires adaptés, à nouveau, l’Alliance française a répondu présent, en attendant le retour à la normalité.
« Je vais vous dire, désormais, ce sont les salariés eux-mêmes qui recommandent à ceux qui le souhaitent de suivre les cours de l’Alliance : il n’y a pas de meilleure publicité ! ».
Un enthousiasme qui conforte Julie Saint-Jacques dans sa mission linguistique ; après tout, elle sait mieux que quiconque qu’apprendre une langue, cela ne change pas forcément le monde. Mais cela peut changer une vie.